Recommandations de vaccination

Recommandations de vaccination chez les patients porteurs d’une pathologie tumorale maligne

Sujet peu débattu en période de calme épidémique, qui ne passionne pas le monde médical, devenu une question de pratique quotidienne en cette période de crainte de pandémie grippale A.

Les Français sont peu enclins à la prévention et au dépistage, notre médecine étant plus tournée vers le soin aux malades. La difficulté de participation aux campagnes de dépistage organisé du cancer du sein et du colon en est l’illustration. La faiblesse de mise à jour des vaccinations dans la population française adulte aussi bien pour la grippe saisonnière que le tétanos ou l’hépatite.

Nos patients sensibilisés à la pandémie de grippe A et à sa vaccination préventive nous posent quotidiennement la question du bien fondé et de l’innocuité de la vaccination, ainsi que l’interférence éventuelle avec leur pathologie cancéreuse, leur chimiothérapie ou leur radiothérapie.

Le vaccin contre la grippe A, comme celui de la grippe saisonnière est un vaccin inactivé. Il est sans aucun risque infectieux même chez le patient immunodéprimé par sa maladie ou son traitement. Le vaccin est obtenu à partir de Culture du virus A H1N1 sur œuf embryonné. En France il s’agit d’un vaccin inactivé, dont l’évaluation de l’antigénicité, de l’efficacité clinique et de la tolérance ont permis de le mettre à disposition depuis le début du mois de Novembre 2009. Il est produit par 4 laboratoires (Sanofi Pasteur, Novartis, GSK, Baxter). L’antigénicité du vaccin avec adjuvant est suffisante pour permettre une seule vaccination, alors que le vaccin sans adjuvant, moins efficace, nécessite deux injections et reste limité à certaines populations : enfants de 6 mois à 9 ans ; femmes enceintes; maladie de système, maladie auto-immune sévère, greffe d’organe solide ou de moelle osseuse.

Les recommandations de vaccination en période de chimiothérapie pour obtenir un pourcentage maximum d’efficacité du vaccin sont de réaliser l’injection 7 jours après le précédent cycle de chimiothérapie et/ou 14 jours avant le cycle suivant.

Ce calendrier est particulièrement adapté aux patients bénéficiant d’une chimiothérapie tous les 21 ou 28 jours.

Reste le problème des patients bénéficiant de cycles de chimiothérapies hebdomadaires ou tous les 14 jours voir de chimiothérapies en continu. La vaccination est tout de même possible chez ces patients. Ces chimiothérapies sont souvent peu aplasiantes permettant ce rythme soutenu d’administration. L’idéal est probablement d’effectuer l’injection 14 jours avant le début de la chimiothérapie pour les nouveaux patients ou les patients entre deux protocoles. Pour les patients en cours de chimiothérapie il est préférable de décaler un cycle de chimiothérapie de 7 ou 14 jours pour obtenir une plus grande efficacité du vaccin. Une utilisation plus proche de la chimiothérapie ne fera pas courir de risque au patient concernant sa pathologie tumorale ou les effets secondaires de sa chimiothérapie mais en période d’hypoplasie la production d’anticorps sera moins grande et la réalisation de deux injections pourrait se discuter.

Vous retrouverez ces recommandations dans le tableau ci-dessous édité par le Ministère de la santé et des sports et disponible sur les sites suivants : www.sante-sports.gouv.fr.

Les principes de cette vaccination s’adaptent à tous les vaccins tués ou inactivés comme la grippe saisonnière, le pneumo 23 (particulièrement recommandé chez les insuffisants respiratoires), l’hépatite B, etc.

Seuls les vaccins vivants sont interdits en période de chimiothérapie comme la fièvre jaune, la variole, le BCG.

Rassurons nos patients particulièrement déstabilisés par les discours contradictoires relayés par les médias et tenus par certains professionnels de santé débordés par leur activité quotidienne. Ils n’ont pas eu le temps de mettre à jour leurs connaissances sur les bénéfices et les risques des vaccinations chez les patients en cours de traitement pour une pathologie cancéreuse. Les vaccinations de nos patients réduiront l’incidence de pathologies virales ou bactériennes intercurrentes en cours de chimiothérapie. Elles diminueront les risques de suspension ou de retard à la délivrance des chimiothérapies.Toutes les déviations au protocole de chimiothérapie ou de radio-chimiothérapie initialement prévus ont un effet délétère potentiel sur le résultat du traitement. Pour exemple, le traitement préventif de récidive métastatique des cancers du colon opérés avec envahissement ganglionnaire ne confère une efficacité significative que s’il est débuté moins de 30 jours après le geste opératoire. Un retard de 15 jours ou 3 semaines à la mise en route d’un tel traitement par la survenue d’une grippe A ou saisonnière à la veille de débuter la chimiothérapie aura manifestement un impact sur la survie et les chances de guérison de nos patients.

En tant qu’acteur de santé publique, indépendamment de nos idées ou convictions personnelles, il est de notre devoir de recommander à nos patients l’ensemble des mesures de préventions ou de dépistage mis en place pour améliorer leur état de santé présent ou futur.

  Cancérologie et vaccination